Beurk, ça se mange ? [libre]

Megan était épuisée. Toute la journée, elle avait subi des tests et avait du s’entraîner pour maîtriser sa télékinésie devant les yeux attentifs de scientifiques désagréables à la botte du directeur. Avec comme unique effet de la faire lever tôt pour des exercices, si bien qu’à cette heure-ci l’adolescente était sur les rotules.
Elle se traîna dans le dédale des couloirs. Venant d’arriver à Glasdale quand toute cette horreur était arrivée, elle ne connaissait presque aucun des élèves… et leurs cellules individuelles n’aidaient pas à faire connaissance. Meg se sentait seule, isolée, et elle était terrifiée.
Elle pensait à ses parents, qui ne savaient pas où elle était passée. Peut-être qu’ils le savaient, elle n’était pas au courant. D’après les gens qui les avaient emmenés à Grand Point, ils croyaient qu’elle était morte. Elle les croyait. Ici à Grand Point, ils étaient isolés, coupés du monde. A cette pensée, elle se mit à frissonner : Meg n’avait aucun ami et elle ne reverrait probablement jamais son pays natal. Joyeux, comme perspective, non ?

La jeune fille poussa d’un air accablé la porte du réfectoire. Oh, joie, oh bonheur. L’endroit figurait sans aucun doute dans la liste des lieux les plus lugubres du centre. Très spacieuse, mais sans fenêtre, la cantine donnait encore plus froid dans le dos à ceux qui auraient réussi à garder le moral.
Elle fit la queue pour s’emparer d’un plateau et se plaça à l’extrémité d’une table avec son plateau. L’endroit était encore relativement peu peuplé du fait de l’heure encore peu tardive.
La plupart des jeunes venaient manger plus tard, mais elle avait préféré venir tout de suite, d’une part parce qu’elle avait faim, de l’autre parce qu’elle ne se sentait pas capable de rester dans sa « chambre » seule en attendant.

Sa solitaire collation fut interrompue brusquement. Quelqu’un venait d’apparaître dans le champ de vision de Meggie. Levant la tête, elle dévisagea le quelqu’un et adressa un air à la limite de l’hébétude. Ohoh, du social à l’horizon ?
Elle sortit de sa torpeur pour revenir sur Terre. Adressant un sourire timide à la personne qui lui faisait face, elle demanda d’un ton poli et joyeux :

Oui ?

Elle avait conscience qu’on ne demandait pas ça comme ça et que cette personne – qu’elle ne connaissait par ailleurs que très peu – voulait sans doute juste qu’elle se pousse, mais elle était presque heureuse de voir un humain qui ne lui collerait pas d’électrodes partout sur le corps. Ce étant, elle était prête à discuter avec n’importe qui, même avec son assiette, plutôt que de rester encore trois jours sans parler.